Critiqué par l’opposition gabonaise pour avoir été la cheville ouvrière du système de gouvernance mis en place par Ali Bongo à partir de 2009, Maixent Accrombessi avait été interpellé en août 2015, à Paris, avant d’être relâché.
Maixent Accrombessi, l’ex-bras droit du président du Gabon, a été mis en examen à Paris le 17 novembre dernier pour « corruption passive d’agent public étranger », « blanchiment en bande organisée de corruption passive », « faux et usage de faux », a-t-on appris ce vendredi 22 décembre de source judiciaire.
Joint par Jeune Afrique, Alain-Claude Bilie By Nze, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, n’a pas souhaité réagir.
Virements suspects
La justice française soupçonne Maixent Accrombessi d’avoir perçu de l’argent en échange de l’attribution, fin 2005, par le Gabon, d’un marché public de 7 millions d’euros au groupe Marck, une entreprise française spécialisée dans la fabrication d’uniformes militaires.
Les policiers de l’Office central anti-corruption (OCLCIFF) s’interrogent sur différents virements, l’un d’environ 300 000 euros et six autres d’un montant total avoisinant les 2 millions d’euros, tous émis par le groupe Marck sur des comptes appartenant à des sociétés gérées par Maixent Accrombessi ou des proches, dont l’homme d’affaires Seydou Kane.
Ce dernier a été mis en examen le 20 novembre 2015 pour corruption active et passive d’agent public étranger, abus de biens sociaux, blanchiment en bande organisée, recel, faux et usage de faux.
Le président du groupe Marck, Philippe Belin, a aussi été mis en examen dans ce dossier, dans le cadre des investigations sur l’homme d’affaires corse Michel Tomi, concernant des contrats passés entre la France et certains pays africains comme le Mali.
Cible de l’opposition
Au moment des faits, Maixent Accrombessi gravitait déjà dans les sphères du pouvoir gabonais puisqu’il était collaborateur d’Ali Bongo, à l’époque ministre de la Défense de son père, Omar Bongo. Une enquête préliminaire avait été ouverte en 2007 par le Parquet de Paris.
Devenu directeur de cabinet d’ABO, son interpellation à Paris, le 4 août 2015, et sa garde à vue, qui n’avait duré que quelques heures en raison de son immunité diplomatique, avaient provoqué la colère du Président gabonais. « Nous disons qu’on a voulu humilier le Gabon par la manière dont cette intervention a été conduite », avait déclaré Ali Bongo un mois plus tard, depuis le perron de l’Élysée, à l’issue d’une rencontre avec son homologue François Hollande.
D’origine béninoise et naturalisé gabonais, Maixent Accrombessi, 52 ans, a occupé le poste de directeur du cabinet jusqu’à son départ, durant l’été 2016, pour raisons de santé. Cet ancien agent immobilier était devenu la cible privilégiée des opposants gabonais, qui l’accusaient de piller les caisses de l’Etat et d’avoir une trop grande influence sur le président Bongo.
Par Jeune Afrique avec AFP