Jean Ping a reçu ce vendredi une convocation du juge d’instruction du tribunal de première instance de Libreville, dans le cadre de l’enquête sur Pascal Oyougou. L’ancien président de la Commission de l’Union africaine est convoqué en tant que témoin le 17 janvier. Une interdiction de sortie du territoire a également été prononcée à l’encontre de l’opposant.
« Dans le cadre de l’affaire “Ministère public contre Oyougou Pascal”, vous avez été abondamment cité par l’inculpé », explique la lettre reçue ce vendredi 12 janvier par Jean Ping. « Pour la manifestation de la vérité […], nous vous invitons à vous présenter à notre cabinet le mercredi 17 janvier 2018 », ajoute-t-elle (voir premier document ci-dessous).
Pascal Oyougou, avait été arrêté le 8 septembre 2017 par des agents de la Direction générale de la recherche (DGR, gendarmerie nationale) et est actuellement détenu à la prison « Sans famille » de Libreville.
Un « plan de déstabilisation » du Gabon retrouvé
Secrétaire général adjoint du Rassemblement Héritage et Modernité, parti d’Alexandre Barro Chambrier, allié à Jean Ping, Pascal Oyougou avait alors été inculpé « pour répondre du crime de complot contre l’autorité de l’État et du délit d’acte ou manœuvre de nature à compromettre la sécurité publique », avait précisé le juge d’instruction.
Une dérive autoritaire qui, jour après jour, chemine vers une incontestable dictature dans notre pays
Une investigation réalisée à son domicile avait notamment permis de saisir un « plan de déstabilisation » du Gabon, selon les enquêteurs. Il risque au minimum dix ans de prison ferme.
« Rester à la disposition de la justice »
Suite à son arrestation, l’opposition avait dénoncé « les arrestations et incarcérations d’hommes politiques pour délits d’opinion sur toute l’étendue du territoire national ».
« Chacun de nous cède à l’évidence, devant l’inexorable dérive autoritaire qui, jour après jour, chemine vers une incontestable dictature dans notre pays », avait notamment fait remarquer Alexandre Barro Chambrier.
Jean Ping, candidat malheureux de la présidentielle 2016, qu’il estime toujours avoir remportée, s’apprêtait, ce vendredi 12 janvier, à prendre la direction de la France. Il devait en effet quitter le Gabon pour Paris samedi 13 janvier dans la soirée. Mais la convocation du juge risque bien de l’en empêcher.
Celle-ci lui demande en effet de « rester à la disposition de la justice » et le bureau du juge d’instruction a en outre demandé au directeur de la police de l’air et des frontières de lui interdire la sortie du territoire gabonais (voir second document ci-dessous). Le camp de Jean Ping dénonce une « manoeuvre politique ».
Par Mathieu Olivier