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Micmac au Barreau du Gabon : L’indignation internationale

En plus des Barreaux de l’Ohada et de France (CNB) s’étonnant de l’invalidation de l’élection de Me Lubin Ntoutoume comme Bâtonnier, on note le pied de nez des toges noires du Cameroun et de Côte d’Ivoire, tandis que la Conférence des Barreaux demande au Secrétaire permanent du bureau de l’Ohada, actuellement en mission à Libreville pour la 46ème session du Conseil des ministres de l’Organisation, de saisir les autorités gabonaises compétentes pour mettre fin au différend secouant actuellement l’ordre gabonais des avocats. L’appareil judiciaire du Gabon en phénomène foire.

Et voilà que l’international s’y met… Ce n’est pas encore le tollé, mais ça y ressemble. En effet, après la réaction du Doyen des avocats du Gabon, Me Diop Ongwéro, qui, entouré de plusieurs dizaines d’avocats a dénoncé la décision du Conseil d’Etat lundi dernier, donnant la preuve que le Barreau du Gabon sait trouver les mots pour se faire entendre, l’on a eu droit à la sortie de plusieurs membres de la corporation des hommes de droit au sujet de la décision du Conseil d’Etat relative à l’annulation de l’élection de Me Lubin Ntoutoume à la tête du Conseil de l’Ordre des Avocats du Gabon. On enregistre, maintenant de nombreuses réactions sur le plan international, à commencer par celle de la Conférence des Barreaux de l’espace Ohada. Regroupant les barreaux des dix-sept (17) Etats membres de cette organisation, cette institution est particulièrement remontée.

Dans une lettre adressée au Secrétaire permanent du bureau de l’Ohada, la Conférence des Barreaux de l’espace Ohada juge «inacceptable» que l’on puisse annuler une élection s’étant déroulée dans le respect des statuts et règlement intérieur (ceux-ci stipulent bien que «ne peut prendre part au vote du Bâtonnier de l’Ordre que les avocats à jour de leurs cotisations», et justement ce sont uniquement les avocats à jour de leurs cotisations qui ont voté lors de l’assemblée générale du 31 mars 2018). La Conférence des Barreaux Ohada qui juge la décision «indigne» et «s’inquiète» de la situation du Barreau du Gabon, demande à l’instance dirigeante de l’OHADA de transmettre sa «contestation» aux autorités gabonaises.

La décision du Conseil d’Etat n’en finit plus en tout cas de faire des vagues. «Intolérable» pour le Barreau du Cameroun qui vient d’ailleurs, en guise de soutien, d’inviter le Bâtonnier «déchu» à prendre part et à aller animer une des thématiques de sa conférence sur l’arbitrage et la médiation se tenant à Douala depuis le 13 juin et devant s’achever à la fin de cette semaine. Lubin Ntoutoume, le Bâtonnier «déchu», y était particulièrement attendu par ses confrères du Cameroun et d’autres pays de la sous-région.

D’autres conseils de l’ordre des avocats ont réagi. C’est le cas du Barreau de Côte d’Ivoire qui juge la décision du Conseil d’Etat «inacceptable». Tout comme ceux du Sénégal et du Bénin. En plus des barreaux africains, le Conseil national des Barreaux de France (CNB) juge, lui aussi, que la décision du Conseil d’Etat n’avait pas sa raison d’être. Le CNB estime que cette décision devrait être «combattue» par l’ensemble des membres de la Conférence internationale des Barreaux. Autant de réactions prouvant que le Conseil d’Etat n’a pas convaincu grand monde, suscitant plus tôt un mouvement de soutien, sur le plan national et international, au Conseil de l’Ordre déchu.

Selon des sources proches du dossier, seuls quatre avocats n’étaient pas à jour de leurs cotisations à la date de l’assemblée générale, à savoir Me Fabien Méré (hors du territoire national depuis un bon moment), Me Jean-Marie Obame Ondo, Me Paulette Oyane Ondo et Me Elie Lissouéli. «Ces quatre-là n’étaient d’ailleurs pas présents à l’assemblée générale», indique une source proche des services financiers du Barreau du Gabon. Et d’ajouter que «de toute évidence, il y a eu maldonne, mais peut-être l’intention réelle de cette décision est-elle ailleurs». Mieux, dans une lettre adressée à ses confrères à jour, le Trésorier de l’Ordre des Avocats leur indique que leur «situation est régulière». Il n’y a donc pas de problème de cotisation impayée.

Mardi dernier, le Conseil de l’Ordre déchu a déposé un recours a Conseil d’Etat. Sa décision est attendue dans quinze jours environ.

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