Deux journaux gabonais, La Loupe et Moutouki, ont été suspendus par la Haute autorité de la communication (HAC), l’un pour trois mois et l’autre pour un mois, à la suite de la publication d’articles jugés « calomnieux » à l’égard d’un gouverneur de province.
Dans deux communiqués distincts transmis lundi à l’AFP concernant ses deux décisions, la Haute autorité de la communication (HAC) reprend les mêmes termes et estime que ces journaux du groupe de presse Olumambe « ont tenu des écrits injurieux à l’endroit » de Joël Ogouma, gouverneur de la province du Woleu-Ntem (nord), qui avait saisi l’institution.
Les « écrits » en question sont des articles parus en novembre dans La Loupe et Moutouki, concernant la gestion de fonds publics par Joël Ogouma, du temps où il était directeur général des impôts – un poste qu’il a occupé pendant plusieurs années, avant sa nomination comme gouverneur de province en 2018. La HAC, autorité gabonaise de régulation des médias, tient à rappeler que « tout journaliste est responsable de ses écrits et des informations qu’il diffuse » et qu’il lui est notamment interdit « l’insinuation malveillante, la calomnie, la déformation des faits, le mensonge… ».
Le titre L’Aube déjà suspendu
Début novembre, la HAC avait déjà décidé de suspendre pour trois mois L’Aube, un autre journal du groupe de presse Olumambe, pour un article intitulé « Le Gabon en (très dangereux) pilotage automatique », paru après l’hospitalisation le 24 octobre en Arabie saoudite du président gabonais Ali Bongo Ondimba, victime d’un AVC à Riyad.
Le rédacteur en chef de L’Aube avait aussi été interdit d’exercer sa profession pendant six mois. Après ces décisions de la HAC, l’organisation de défense des journalistes Reporters sans frontières (RSF) avait dénoncé une « inquiétante érosion de la liberté de la presse » au Gabon.
L’opposition privée de médias publics
Fin novembre, un des principaux partis d’opposition du Gabon, l’Union nationale (UN), a été interdit de médias publics pour trois mois par la HAC. L’instance gabonaise reproche à la formation dirigée par Zacharie Myboto de ne pas avoir répondu à deux convocations qui lui aurait permis de s’expliquer sur un communiqué dans lequel elle qualifiait de « mensonge d’État » la communication officielle sur la santé du président Ali Bongo Ondimba.
L’autorité gabonaise de régulation des médias est présidée par Raphaël Ntoutoume Nkoghe, ancien conseiller chargé des relations presse à la présidence de la République.
Par Jeune Afrique avec AFP