Pour obtenir l’indépendance de l’Ambazonie, les milices armées qui opèrent dans les régions anglophones ont bâti un véritable système parallèle qu’ils cherchent à imposer par la violence. Pour venir à bout de cette situation, les autorités sollicitent le soutien de la population pour vaincre les rebelles. Mais cet appel peine à trouver des oreilles favorables tant règne un climat de suspicion généralisée.
Place des fêtes de Bamenda, le 22 août. La tribune officielle, revêtue de ses plus beaux apparats, accueille le gratin politique de la région du Nord-Ouest. Les autorités administratives de la ville et les forces vives du département de la Mezam sont toutes aux premières loges de la cérémonie pour accueillir le nouveau préfet de cette unité territoriale.
L’événement se déroule au pas de course. Les dispositions protocolaires s’enchaînent rapidement et, très vite, le gouverneur de la région du Nord-Ouest, Adolphe Lele LAfrique, prend la parole. « Nous attendons de vous que vous reconstruisiez la confiance entre l’administration, les forces de l’ordre et la population, ceci en étant proche de cette dernière », recommande-t-il à Emile Simon Mooh, l’administrateur entrant.
Seul hic, la population à laquelle fait allusion le gouverneur a été tenue à l’écart de la cérémonie, et c’est à plusieurs mètres de là que quelques rares individus captent les échos de son discours. La plupart d’entre eux sont d’ailleurs des commerçants exerçant dans les environs qui attendent impatiemment que la circulation, bloquée pour l’occasion, reprenne, pour pouvoir poursuivre leurs activités. La tribune officielle présente des dizaines de places vides, signe des restrictions d’accès mises en place.