Le 24 octobre 2018 Ali Bongo Ondimba était victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC) lors d’un séjour en Arabie Saoudite. Il est rentré après plusieurs mois d’hospitalisation. Mais est-il toujours aux affaires ?
« L’essentiel du pouvoir politique est détenu par des personnalités inconnues de la Constitution » (Franck Ndjimbi)
L’absence prolongée du président gabonais a, au début, plongé le pays dans une période d’incertitude. Les informations au sujet de son état de santé étaient des plus alarmistes.
Cette situation a depuis causé une « usurpation du pouvoir au mépris de la Constitution », affirme Franck Ndjimbi, membre du collectif « Appel à agir » du Gabon. Ce collectif réclame une expertise médicale qui attesterait de l’aptitude physique et de la capacité du président gabonais à diriger son pays.
« L’essentiel du pouvoir politique est détenu par des personnalités inconnues de la Constitution. On parle du Directeur de cabinet (du président Ali Bongo Ondimba, Brice Laccruche Alihanga, ndlr). Il peut être assimilé à un fonctionnaire de la Présidence. Ce n’est pas un élu. Il ne détient aucun mandat populaire. On constate que les institutions qui doivent elles, jouer leur rôle semblent comme tétanisées devant cette forme d’imposture qui s’est ajoutée à une usurpation de pouvoir qui existe déjà », souligne-t-il.
Guerre des clans
Pour certains analystes, la longue convalescence du président gabonais a occasionné aussi une guerre de positionnement au sein du régime.
Comme Arsel Moro Ngui, plusieurs autres sources ont confirmé l’existence d’une telle situation.
« Le retour en santé du président de la République n’a pas pour autant écarté tous les doutes qu’il y a aujourd’hui sur sa capacité réelle à pouvoir décider », affirme Arsel Moro Ngui.
« Le président est physiquement de retour, mais il n’aurait pas encore la pleine capacité à diriger le pays. Il y a une lutte de pouvoir. C’est le clan dirigé actuellement par l’épouse du chef de l’État et don directeur de cabinet qui semble détenir le bon bout du pouvoir aujourd’hui », affirme encore ce professeur de sciences politiques à l’université Omar Bongo Ondimba de Libreville.
Jusqu’au bout
Le porte-parole d’Ali Bongo Ondimba avait donné son accord pour une interview sur le sujet. Mais Ike Ngouoni n’a plus décroché les multiples appels téléphoniques de la DW.
Le président gabonais a quant à lui assuré mercredi (23 octobre) dans une interview au quotidien pro-gouvernemental l’Union qu’il « se sentait de mieux en mieux chaque jour » et qu’il était « déterminé à aller au bout de sa mission ».
Dressant le bilan de ses dix années passées à la tête du Gabon, le président a déclaré avoir « engagé un mouvement de diversification » de l’économie « dès 2010 » qui « commence à porter ses fruits ».
« Jamais autant qu’aujourd’hui l’accent a été mis sur la lutte contre la corruption (…) je suis farouchement déterminé à ce que ce combat continue », a ajouté le chef de l’Etat.
Plusieurs changements au sein du gouvernement et à la tête des administrations sont venus modifier la configuration de la galaxie au pouvoir. Il ne faut pas « hésiter parfois à remettre en cause les codes d’une ancienne politique », a argumenté Ali Bongo Ondimba qui reconnaît que des « erreurs ont été commises par le passé, elles ne sauraient être renouvelées à l’avenir ».
« Avec le temps, mon niveau d’exigence à l’égard des membres du gouvernement a augmenté alors que mon degré de patience, lui, a diminué », a conclu le président.
Par ailleurs, un récent rapport international prévoit une croissance de 3,4% cette année au Gabon, mais le pays manque toujours de routes ou d’équipements pour ses écoles ou ses hôpitaux.