Alors que la contestation gronde depuis plus de deux mois contre le président Jovenel Moïse, le pouvoir a annoncé une hausse des salaires minimum. Une mesure qui ne fait qu’attiser la colère, tant du côté des syndicats d’ouvriers que du patronat.
Avec notre correspondante à Port-au-Prince, Amélie Baron
Les organisations patronales ne digèrent pas le fait que la présidence de Jovenel Moïse ait agi sans avoir pris en compte le contexte de crise. Les patrons reconnaissent absolument le besoin de corriger les effets de l’inflation qui a désormais dépassé les 20% mais, depuis fin août, les activités économiques sont paralysées. Nombre d’entreprises ont dû licencier ou mettre temporairement en disponibilité des centaines d’employés : comment augmenter des salaires alors même que leur chiffre d’affaires frôle le zéro ?
Du côté des syndicats des travailleurs, la colère est tout aussi forte car la hausse ne suffit pas à couvrir les augmentations des prix de la nourriture, des transports et du logement. Et face à la rapide dépréciation de la gourde, la monnaie nationale, les salaires n’augmentent finalement pas.
En octobre dernier, pour une journée de 8 heures de travail en usine textile, un ouvrier touchait 420 gourdes, ce qui équivalait à l’époque à 5,20 euros. Avec cette hausse, son nouveau salaire journalier est désormais de 500 gourdes, ce qui ne représente plus que 4,65 euros.