C’est ce que relève l’hebdomadaire Jeune Afrique dans son édition en kiosque cette semaine, citant les détracteurs de celle qui fut porte parole de Jean Ping. Reste que celle-ci est tout aussi critiquée, sinon plus, dans son propre camp.
Cela restera sans doute comme une tâche indélébile sur son CV. En acceptant fin octobre dernier de participer au Sommet Russie – Afrique de Sotchi organisé par Vladimir Poutine, la bête noire des organisations de défense des droits de l’Homme, Laurence Ndong a irrémédiablement, semble-t-il, compromis son image, savamment travaillée sur les réseaux sociaux, de défenseur des droits humains en Afrique, en particulier au Gabon.
Consacrant cette semaine une enquête sur le french bashing en Afrique, l’hebdomadaire Jeune Afrique évoque le cas de l’ex-porte-parole de Jean Ping lors de la présidentielle de 2016. Le magazine panafricain ne manque pas de relever que, selon ses détracteurs, « la présence (de Laurence Ndong) lors du sommet de Sotchi est peu compatible avec ses fonctions de défenseur des droits de l’Homme. »
Or, il n’y a pas que ses détracteurs à s’en être émus. Les critiques les plus acerbes sont sans doute venues de son propre camp. Fin octobre, l’essayiste gabonais Marc Mve Bekale, une voix très respectée au sein de l’opposition, avait dit son fait à Laurence Ndong dans une missive publique, intitulée « Lettre à notre frangine Laurence Ndong, à propos de son séjour chez le tsar Vladimir Poutine » (lire notre article). « Ce fut donc un jeu de dupe que d’avoir prononcé un discours sur l’humanisme dans un pays où l’on fait pire qu’au Gabon en commanditant l’assassinat des journalistes », avait vitupéré l’essayiste, critiquant par là la propension aux poids deux mesures de Laurence Ndong, ajoutant que « sur le terrain de la négation des droits de l’homme, de la souveraineté du peuple et de la liberté d’expression, Ali Bongo et sa clique apparaissent comme des joueurs de troisième division à côté de Poutine. »
« Quand on prétend défendre les droits humains universels, il faut être cohérent et défendre ces principes avec la même vigueur partout dans le monde »
Même « déception » du côté des associations de défense des Droits de l’Homme. « Quand on prétend défendre les droits humains universels, il faut être cohérent et défendre ces principes avec la même vigueur partout dans le monde. Sinon, on est pas crédible. On ne peut pas se montrer sévère avec les uns et tolérant, voire laxiste, avec les autres », avait déplorait un responsable de l’association Sherpa.
A la critique sur le relativisme (deux poids, deux mesures), vient se greffer une autre : l’ingratitude. Laurence Ndong a fait du french bashing une de ses spécialités (c’est d’ailleurs dans ce cadre qu’elle est citée cette semaine dans Jeune Afrique). Une attitude d’autant moins compréhensible que la France n’est autre que le pays d’accueil de l’intéressée. « C’est faire preuve d’une grande ingratitude que de dénigrer ainsi la France, le pays qui l’a accueilli et où elle fait ses études payées par la collectivité », cingle un diplomate français.
Au Gabon, Laurence Ndong est souvent raillée pour son penchant pour les médias qu’elle affectionne tout particulièrement, mais également les réseaux sociaux dont elle a une pratique frénétique au point d’être qualifiée d’ « opposante virtuelle » par ses adversaires. « C’est un épiphénomène médiatique mais politiquement, elle ne pèse rien », avait déclaré, dans un rire sardonique, à La Libreville fin octobre un responsable du PDG, le parti au pouvoir, député de l’Estuaire.