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Coût du masque de protection : Une bombe à retardement ?

L’acquisition des masques de protection, outil essentiel dans la riposte contre le Covid-19, n’est pas toujours évidente, surtout pour les couches défavorisées. Une réalité qui pourrait causer une inégalité sociale grave face à la maladie, au fur et à mesure que la crise sanitaire perdure dans le temps.

Le masque fait partie du dispositif mis en place pour lutter contre le Covid-19. Son port dans les espaces publics est non seulement obligatoire mais suggère une tendance lourde, face à l’improbable impermanence du virus dans l’immédiat. «Il faut apprendre à vivre avec le virus», a déclaré le Premier ministre en avril, lors de la présentation du bilan du confinement du Grand Libreville.

Si l’obligation du port du masque est un impératif sanitaire, il génère cependant des coûts qui ne seront pas supportables pour tous. Pour une famille moyenne par exemple de cinq enfants tous scolarisés et dont les parents travaillent, les sept membres de la famille doivent se munir de 14 masques par jour (dans le cas de masques non lavables), à raison de deux par personne, pour aller à l’école et au travail. Si le masque coûte 500 francs CFA l’unité, le coût de la journée s’élève à 7 000 francs CFA. Pour une semaine ouvrée de cinq jours, le coût passe à 35 000 francs CFA et culmine à 140 000 francs CFA par mois.

Cette hypothèse moyenne est intenable pour la majorité des ménages gabonais, même pour les fonctionnaires les mieux rémunérés. Par ailleurs, ce nouveau poste de dépenses pourrait créer une inégalité sociale grave face à la maladie. Dans ces conditions, quelle sera l’utilité du masque dans le dispositif de lutte contre le Covid-19, si les «pauvres» ne peuvent en disposer ? Ou alors, faudra-t-il leur interdire l’accès aux espaces publics, qui ne seront réservés qu’à ceux qui financièrement peuvent se protéger ? Inutile de préciser que ce type de confinement ségrégationniste n’aura aucune prise sur la maladie. Il risque au contraire de susciter la colère et la défiance des pauvres.

Les pouvoirs publics avaient pourtant annoncé, dès les premiers jours de la maladie, la distribution gratuite de masques. Devant le Parlement, il y a quelques jours, le Premier ministre a fait la même promesse, mais rien à l’horizon. La fabrication et la commercialisation de masques de protection est devenu un véritable business à Libreville, où certains opérateurs privés n’hésitent pas à mettre le prix fort pour leur acquisition.

Prétextant la qualité des matériaux de fabrication et n’étant soumis à aucun barème, certains opérateurs économiques n’hésitent pas à vendre leurs produits par lots de cinq moyennant 10 000, 15 000 voire 20 000 francs CFA. L’idéal serait peut-être de ramener le prix du masque au niveau du prix du pain et de proposer un mécanisme semblable à celui de la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (Cnamgs) pour les Gabonais économiquement faibles (Gef).

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