La dépénalisation de l’homosexualité au Gabon pourrait bien être en sursis. Devant les députés, ce 23 juin, le Premier ministre Julien Nkoghé Békalé qui défendait le projet de loi portant modification de la loi n°042/2018 du 05 juillet 2019 portant Code pénal en République gabonaise, n’a pas, faute de majorité absolue, obtenu dans un premier temps, le retrait de l’alinéa qui fait jaser. Après avoir considéré les abstentions comme des suffrages non exprimés, les débats se sont poursuivis et devraient aboutir à un second vote pour dégager la majorité en faveur ou contre la dépénalisation de la pratique dans le pays.
A travers le projet de loi portant modification de la loi n°042/2018 du 05 juillet 2019 portant Code pénal en République gabonaise, défendu par le Premier ministre, Julien Nkoghé Békalé, à l’Assemblée nationale, la question de la dépénalisation de l’homosexualité au Gabon a été remise au goût du jour. Si l’alinéa pénalisant la pratique était retirée tel que préconisé par le gouvernement, la pratique devait être dépénalisée dans le pays. Ce qui a amené plusieurs langues à se délier et appeler au rejet de la dépénalisation de l’homosexualité dans le pays.
Lors de la plénière durant laquelle il défendait ledit projet ce 23 juin, le Premier ministre n’a pas obtenu la majorité absolue, dans un premier temps. Selon un député joint au téléphone par Gabonreview, la dépénalisation de l’homosexualité n’a pas encore été actée. Pour ainsi dire, lors du vote du retrait du 5e alinéa consacrant la dépénalisation, le quorum n’a pas été atteint. «Il y a eu 25 abstentions, 24 voix contre et près de 48 pour. Or, le règlement dans son article 77 dit que tout vote en plénière doit être entériné par la majorité absolue des suffrages exprimés», a confié le député. «En clair, il faut faire toutes les voix divisées par 2 plus 1. Aucune des 3 parties n’a eu ce score-là, donc la loi est rejetée», a-t-il expliqué.
Les arguments ayant prévalu pour en arriver là, sont ceux déjà exprimés par Edgard Owono Ndong, député du Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM) de Barro Chambrier, soutenu par l’un des membres du groupe parlementaire Les Démocrates (LD) de Nzouba Ndama. Contre eux, l’intervention du président du groupe parlementaire du Parti démocratique gabonais (PDG) qui entend aboutir à la dépénalisation de l’homosexualité dans le pays. Alors qu’après ce premier vote au cours duquel aucune majorité absolue ne s’est dégagée, la question devait être renvoyée à la prochaine session, notamment en janvier 2021. Après débat, les abstentions ont été considérées comme des suffrages non exprimés.
Sur Facebook, le député du premier arrondissement de Koulamoutou, Blaise Louembe, précise : «Je fais partie des 24 députés ayant voté «contre», à nous s’ajoutent les 25 qui se sont abstenus ; seuls 48 autres ont voté «pour». Je reste solidaire de tout le reste du texte mais mes convictions religieuses, mon attachement à la constitution et à nos valeurs ancestrales ne me commandent pas d’autoriser ou d’encourager de telles pratiques.» Sa déclaration laisse entrevoir la teneur du débat mais aussi les pesanteurs métaphysiques et culturelles sur le sujet.
Pendant le bouclage de cet article, les débats se poursuivaient du côté de l’Assemblée nationale où un second vote pourrait avoir lieux pour dégager la majorité en faveur ou contre la dépénalisation de la pratique dans le pays. Les 25 abstentions se prononceront-ils finalement pour ou contre la dépénalisation de l’homosexualité ? La réponse devrait être connue d’ici quelques heures.