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Hydroxychloroquine, « seconde vague »…: le vrai du faux des déclarations de Didier Raoult lors de l’épidémie de coronavirus

Didier Raoult fait la leçon à (presque) tout le monde. Mais a-t-il toujours dit vrai ? On a cherché à vérifier.

Trois heures d’audition et des affirmations difficilement vérifiables, accompagnées de digressions historiques et de citations philosophiques. Devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur la gestion de la crise du coronavirus, Didier Raoult, le controversé directeur de l’IHU Méditerranée Infection, a critiqué l’organisation selon lui « totalement archaïque » des tests de dépistage du Covid-19 en France, centralisée autour de l’Institut Pasteur.

Multipliant les affirmations difficilement vérifiables, les digressions historiques et les citations philosophiques, Didier Raoult a à plusieurs reprises au cours des trois heures d’audition mis en cause les « conflits d’intérêt » au sein des instances de recherche médicale et du Conseil scientifique créé le 11 mars pour éclairer les décisions du gouvernement.

Avant sa venue en direct sur RMC et BFMTV, face à Jean-Jacques Bourdin à 8h20, nous avons tenter de vérifier le « vrai du faux ».

A-t-il minimisé la crise?

Au moment où il était interrogé sur le sujet: oui. Il disait début février dans le JDD: « Ce virus n’est pas si méchant, ce n’est pas un meurtrier aveugle ». Sceptique aussi sur le bilan, mi-mars dans La Provence: « On est à moins de 500 morts, on va voir si l’épidémie arrive à en tuer 10.000, mais ça m’étonnerait ». Dernier bilan de Santé Publique France: 29.731.

Avait-il anticipé le tracé des courbes?

On ne peut pas encore le dire. Mais voilà ce qu’il disait fin avril sur sa chaîne Youtube: « Si les choses continuent comme ça, on a bien l’impression que ce qui était l’une des possibilités de cette maladie, c’est-à-dire une maladie saisonnière, est en train de se réaliser. Il est possible que d’ici un mois, il n’y ait plus de cas du tout dans la plupart des pays tempérés ». On est deux mois plus tard… et certains pays comme l’Allemagne reconfine à échelle local après la découverte de clusters XXL.

Et concernant la seconde vague?

La présidente de la commission à l’assemblée lui faisait remarquer que Didier Raoult avait changé d’avis entre fin avril et mi-juin. « Je n’ai jamais dit ça » assure-t-il, il parle d’un « fantasme journalistique ».

Fin avril, il disait ceci: « Des infections respiratoires dans lesquelles il y a des secondes vagues, il n’y en a pas, donc je ne vois pas pourquoi il y en aurait pour celle-là ».

« Conflits d’intérêt »

Le Pr Raoult a aussi renouvelé devant la commission d’enquête l’affirmation selon laquelle certains détracteurs de l’hydroxychloroquine seraient financièrement liés au laboratoire Gilead, fabricant du remdesivir, autre molécule dont l’efficacité est testée dans le traitement du Covid-19. « Je ne dis pas qu’ils ont été achetés pour ça », a-t-il tempéré, évoquant « un écosystème », des « relations de familiarité » « de nature à changer le jugement des choses ».

Il a assuré avoir lui-même fait l’objet de menaces provenant de « celui qui avait reçu le plus d’argent de Gilead depuis six ans », sans le nommer.

Face aux demandes de précision des députés, le microbiologiste les a notamment renvoyés à la consultation de la base de données Transparence Santé, qui recense les liens d’intérêt entre les entreprises et les acteurs du secteur de la santé. « Vous avez porté des accusations extrêmement graves », a résumé en conclusion Eric Ciotti (LR), rapporteur de la commission, assurant que ses membres allaient « explorer cette voie » et « en tirer toutes les conséquences ».

Quid de l’hydroxychloroquine?

Inconnu du grand public il y a quelques mois, le scientifique qui se présente volontiers comme « anti-système » est devenu omniprésent dans les médias et sur les réseaux sociaux depuis qu’il a proclamé, le 25 février, que l’antipaludéen chloroquine était « probablement le traitement le moins cher et le plus simple pour traiter le coronavirus ».

Un optimisme loin d’être partagé par les autorités de santé et une grande majorité des scientifiques, qui soulignent que cette molécule n’a pas fait la preuve de son efficacité dans le traitement du Covid-19 et mettent en garde contre ses effets indésirables.

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