Après une poussée de nouveaux cas, le gouvernement portugais appelle les habitants de certains quartiers de la périphérie de Lisbonne au devoir civique de confinement à domicile durant deux semaines.
Est-ce la deuxième vague ? Ou bien la suite de la première ? Le Portugal, qui avait réussi jusqu’ici à éviter l’emballement de l’épidémie de Covid-19 , est en alerte. La poussée de nouveaux foyers de contagion, à Lisbonne et dans ses alentours, vers Sintra et Loures, a mis les autorités sanitaires sur leurs gardes.
La région de la capitale concentre 80 % des foyers de contagion détectés, et les épidémiologistes signalent 300 à 400 cas de plus par jour. La montée est notable dans le pays qui, depuis le début de l’épidémie, n’a compté que 1.564 morts et 41.646 personnes infectées pour 10 millions d’habitants.
Devoir civique de confinement
Le Premier ministre Antonio Costa a annoncé un « devoir civique de confinement à domicile » dans les quartiers concernés. Les habitants ne pourront plus sortir de leur domicile que pour aller travailler, faire les courses ou se rendre à la pharmacie et chez le médecin. Lisbonne a aussi commencé à fermer les marchés à ciel ouvert et à limiter les rassemblements de plus de 10 personnes. Ces restrictions tombent mal alors que la saison touristique commence tout juste.
A partir du 1er juillet, le pays sera découpé en trois catégories. La plus grande partie du territoire sera soumise aux règles de l’état d’alerte -le plus « léger »- avec obligation de masques dans les transports publics et les lieux fermés.
Lisbonne et ses alentours seront en état dit de « contingence », avec limitation des réunions à 10 personnes maximum (au lieu de 20 ailleurs), interdiction de vente d’alcool dans les stations-service et fermeture des commerces à 20 heures. Mais seuls les quelques quartiers directement concernés par les nouveaux cas seront déclarés en « état de calamité », avec appel au cantonnement à domicile et limitation des réunions à cinq personnes maximum.
Ligue des champions en août
Si la situation de l’épidémie est en principe contrôlée, elle provoque néanmoins l’inquiétude dans un pays très épargné jusqu’ici et qui compte sur la manne du tourisme pour essayer de récupérer le terrain perdu. Le Portugal se prépare par ailleurs à accueillir la phase finale de la Ligue des champions, puisque tous les matchs de football de quart de finale, demi-finale et finale vont se dérouler à Lisbonne en août prochain.
« Il ne s’agit pas de Lisbonne mais de quelques quartiers de municipalités proches », insiste Antonio Costa, qui considère que l’augmentation du nombre de cas est « essentiellement due à un meilleur dépistage », puisque « la population détectée est essentiellement jeune et asymptomatique », dit-il, uniquement détectée par les tests proactifs alors que le taux d’occupation des hôpitaux n’a pas subi de hausse préoccupante selon lui. « Ce n’est pas un retour à la case départ de l’épidémie », affirme-t-il.
Mais le nombre de nouveaux cas ne cesse de grimper sans qu’on s’explique clairement pourquoi. Les soupçons se tournent du côté du secteur de la construction et des équipes qui ont continué à travailler d’un chantier à l’autre y compris durant le confinement. Mais personne ne s’explique pourquoi seule Lisbonne serait touchée, alors qu’à Porto ou en Algarve, l’activité s’est aussi maintenue.
Cécile Thibaud (Correspondante à Madrid)