Près de trois mois après sa mise en place, le fonds personnel du président de la République censé profiter exclusivement à la santé des Gabonais économiquement faibles (GEF) a déjà fait l’objet de fraudes massives de la part de certains médecins, particulièrement ceux du Centre hospitalier universitaire de Libreville (CHUL), clairement incriminés dans un rapport de la CNAMGS.
Il fallait s’y attendre. L’enveloppe de 2,1 milliards de francs CFA offerte par Ali Bongo pour le financement, jusqu’en septembre prochain, de l’intégralité des tickets modérateurs des GEF enregistrés à la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS) n’a pas tardé à réveiller l’appétit de certains professionnels de la santé qui n’ont pas hésité à user de stratagèmes pour en tirer profit.
Des fraudes dans la gestion de ce «fonds personnel» du président de la République ont en effet été découvertes ces dernières semaines. Celles-ci désignent clairement le CHUL comme «le premier service hospitalier coupable d’irrégularités notoires sur les ordonnances prescrites aux assurées CNAMGS».
Du 27 avril au 31 mai 2020, 191 ordonnances ont été rejetées par les différentes pharmacies agréées de Libreville. Selon la CNAMGS, 19,8% de ces «ordonnances suspects» provenaient de divers services du CHUL. La structure dirigée par Séverin Maxime Anguilet révèle notamment des prescriptions de médicaments et d’examens établies par des praticiens non autorisés, ainsi que des usurpations de cachets et des ordonnances.
Colère et déception à la direction générale du CHUL
Alertée sur ces agissements clairement perçus par la CNAMGS comme des tentatives d’escroquerie, la directrice générale du CHUL n’a pas caché sa déception. «Ce constat particulièrement gênant et accablant pour le CHUL me donne l’occasion de rappeler avec fermeté que la prescription est un acte exclusivement réservé aux médecins assermentés et non aux externes», a adressé dans une note datée du 3 juillet 2020 Dr Marie-Thérèse Vane ép. Ndong Obiang aux directeurs, chefs de départements, chefs de service et aux médecins de l’établissement.
Disponible et opérationnel depuis le lundi 27 avril, en fin juin, le fonds personnel d’Ali Bongo avait déjà permis de payer pour plus de 340 millions de francs les consultations, les soins de santé, les hospitalisations et les médicaments des GEF assurés à la CNAMGS.