Dans son point quotidien de la situation sanitaire, diffusé vendredi soir, le ministère de la santé estime que « nous sommes revenus à des niveaux comparables à ceux de la fin de la période du confinement ».
Le ministère de la santé rappelle les Français à l’ordre. Dans son point quotidien du vendredi 24 juillet, il écrit que la circulation du coronavirus est « en nette augmentation » dans le pays. « Avec un nombre de cas journaliers supérieur à 1 000, nous sommes revenus à des niveaux comparables à ceux de la fin de la période du confinement. Nous avons ainsi effacé une bonne partie des progrès que nous avions accomplis dans les premières semaines du déconfinement », déplore le ministère, qui appelle à plus de « discipline collective ».
La Direction générale de la santé insiste notamment sur l’importance de l’isolement des personnes qui ont été testées positives, pour « protéger les plus âgés et les plus vulnérables d’entre nous ».
« Ceux qui respectent tous les gestes barrière, la distanciation physique et qui s’isolent dès qu’ils sont contacts ou symptomatiques, protègent donc les autres, à commencer par leurs proches. »
Plus tôt dans la journée, un conseil de défense axé sur la propagation de l’épidémie, qui suscite des appels à un renforcement des contrôles aux frontières, s’est tenu à l’Elysée avec le président, Emmanuel Macron, le premier ministre, Jean Castex, quelques ministres (Olivier Véran pour la santé, Jean-Michel Blanquer pour l’éducation…) et des responsables d’administration.
Jean Castex s’est ensuite rendu à l’aéroport de Roissy pour faire le point sur les dispositifs de tests déployés pour les passagers au départ et à l’arrivée en France. Le premier ministre a annoncé que les voyageurs en provenance de 16 pays « où la circulation virale est particulièrement forte » devront soit présenter un test de dépistage négatif de moins de 72 heures effectué dans le pays de départ, soit se soumettre à un test à leur arrivée en France. En cas de résultat positif, qui leur sera transmis par e-mail ou par téléphone dans les 24 heures, ils devront se mettre en quatorzaine. Le dispositif, qui concerne tous les aéroports et les ports du territoire français, sera pleinement opérationnel « au plus tard 1er août », a précisé Jean Castex.
Le premier ministre Jean Castex à l’aéroport de Roissy, en région parisienne, le 24 juillet. THOMAS SAMSON / AFP
Les pays concernés sont, selon Matignon : les Etats-Unis, les Emirats arabes unis, Bahreïn, Panama, l’Afrique du Sud, le Koweït, le Qatar, Israël, le Brésil, le Pérou, la Serbie, l’Algérie, la Turquie, Madagascar, l’Inde et Oman. Le Maroc, initialement cité dans la liste de source gouvernementale, n’y figure pas « pour l’instant », selon Matignon, qui précise que « c’est en discussion ». Les flux entre la France et ces pays sont réduits puisqu’ils concernent uniquement les citoyens français qui y résident ou les citoyens de ces pays disposant d’une résidence stable en France. Pour l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, cela représentera environ 3 000 personnes testées par jour, selon les calculs du gouvernement.
Les Français invités à ne pas se rendre en Catalogne
Le premier ministre a, par ailleurs, recommandé aux Français de ne pas se rendre en Catalogne, où la recrudescence de l’épidémie inquiète. Paris discute avec Madrid afin de réduire le plus possible les flux entre l’Espagne et la France, a ajouté Jean Castex.
Hausse du nombre de cas
Dans son bulletin épidémiologique hebdomadaire publié jeudi, Santé publique France notait que la transmission du virus était en augmentation « pour la troisième semaine consécutive ». Le nombre de cas détectés a ainsi augmenté de 66 % sur trois semaines. Deux cent quinze foyers épidémiques sont recensés sur le territoire.
Cette lente reprise de l’épidémie n’est pas due à une hausse du nombre des dépistages, assure Santé publique France, qui relève que « l’augmentation des nouveaux cas positifs est, depuis deux semaines, supérieure à l’augmentation du nombre de patients testés ».
Ces hausses de cas concernent particulièrement les plus âgés et les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), ce qui est vu par l’agence sanitaire comme « un signal préoccupant, qui doit être suivi avec la plus grande attention. C’est effectivement dans cette population que survient le plus grand nombre de décès dus au SARS-CoV-2 », rappelle-t-elle.
Le nombre de patients hospitalisés en raison d’une infection au Covid-19 se stabilise, alors que les admissions en réanimation ont « arrêté de diminuer pour la seconde semaine consécutive », sauf pour la Guyane, toujours selon Santé publique France. Le nombre de décès attribués à la maladie est également globalement stable depuis quelques semaines. Jeudi, dix nouveaux décès ont été recensés à l’hôpital.
Sept départements au-dessus du seuil de vigilance
Sept départements métropolitains ont enregistré la semaine dernière un taux d’incidence au-dessus du seuil de vigilance, fixé à dix cas positifs pour 100 000 habitants. Il s’agit de la Mayenne, des Vosges, du Finistère, du Val-d’Oise, du Haut-Rhin, de Paris et de la Seine-Saint-Denis.
En Mayenne, toujours placée en « vulnérabilité élevée », l’agence régionale de santé (ARS) dit mener « une politique de dépistage intensive » avec, depuis le 12 juillet, « plus de 11 800 tests sur le département », qui compte un peu plus de 300 000 habitants, selon le directeur général de l’ARS Pays de la Loire, Jean-Jacques Coiplet, lors d’une visioconférence de presse vendredi.
Les autorités sanitaires ont toutefois reconnu qu’il n’y avait « pas de tension majeure au niveau de l’offre de soins » en Mayenne. Selon les derniers chiffres arrêtés jeudi soir, il y avait huit personnes hospitalisées et deux en réanimation dans ce département de l’Ouest, « sans signe de gravité », a précisé M. Coiplet.
En Nouvelle-Aquitaine, un « problème comportemental »
Le personnel médical se prépare à prélever un échantillon dans une cabine de dépistage gratuite de Covid-19 installée dans le hall d’arrivée de l’aéroport international de Bordeaux-Mérignac, le 23 juillet 2020.
Le personnel médical se prépare à prélever un échantillon dans une cabine de dépistage gratuite de Covid-19 installée dans le hall d’arrivée de l’aéroport international de Bordeaux-Mérignac, le 23 juillet 2020. PHILIPPE LOPEZ / AFP
En Nouvelle-Aquitaine, le Covid-19 « gagne du terrain, en particulier chez les 15-44 ans » au risque de contaminer ensuite les personnes plus fragiles, s’inquiète l’agence régionale de santé (ARS). Le taux d’incidence dans cette tranche d’âge « est passé de 1,1 début juin à 4,1 la semaine du 13-18 juillet (contre 2,6 chez les 75 ans et plus) », précise l’ARS.
Au total, la région cumule 13 clusters dont 8 sont liés à des fêtes familiales ou des « événements privés », comme des soirées ou des mariages. « On a un problème comportemental qui se traduit par une circulation du virus, avec le risque de contaminer ensuite des personnes très fragiles », explique à l’AFP Laurent Filleul, responsable de la cellule Santé publique France pour la Nouvelle-Aquitaine.
En chiffres bruts, le virus est encore peu présent dans la région, avec 60 personnes hospitalisées, « mais il se passe quelque chose et il faut sensibiliser » la population, insiste M. Filleul.
Le Monde avec AFP