La Covid-19 est venue, une nouvelle fois, fragiliser le secteur de la presse écrite victime, depuis quelques années, de la piraterie numérique. Ce phénomène qui précipite la chute des ventes papiers n’est pas sans conséquence pour la pérennité des entreprises de presse. Surtout que le Fonds de soutien à la presse instauré en 2005 n’a jamais fonctionné. Pendant que la maigre subvention diminue comme peau de chagrin.
Mettre un journal sur internet sans l’autorisation d’un éditeur pour le faire circuler d’un téléphone à l’autre constitue un acte de piraterie. Bien qu’il semble plus facile de lire un journal dans son téléphone que d’aller vers un kiosque, la piraterie numérique est dangereuse pour les entreprises. Cette pratique déplorable devient récurrente au Gabon et, particulièrement, à Libreville. La piraterie numérique des journaux et des livres fragilise aujourd’hui les sociétés d’édition.
Dès qu’un journal ou un livre se retrouve en accès libre, il prive son propriétaire des recettes pour faire face à toutes les charges. Le journal « L’Union » et plusieurs autres publications sont victimes de multiples partages par personnes interposées. Une fois la version numérique d’un journal acquise par un individu, ce dernier se met à le transférer dans des groupes Whatsapp ou autres réseaux sociaux. Si ce partage permet aux lecteurs de se procurer le journal gratuitement, il ne permet pas à l’éditeur de récupérer les dépenses effectuées dans le processus de production. Les investigations dévoilent deux types d’acteurs placés en amont de la piraterie numérique des œuvres intellectuelles. Tout d’abord, au sein des entreprises d’édition. Certains agents qui ont accès aux fichiers des journaux se les partagent entre eux et avec leurs proches. Sans réellement mesurer le préjudice financier que cet acte peut causer sur les entrées de leur entreprise et par conséquent sur leur propre salaire.
Ensuite, il y a les clients des maisons d’édition. Légalement abonnés pour recevoir les journaux en version numérique, ces derniers se mettent à les transférer vers d’autres personnes qui n’ont pas souscrit à un abonnement. Puis, en aval, de tierces personnes qui ont reçu le journal dans leur téléphone deviennent également adeptes du partage. Donc acteurs de cette piraterie.
Conséquence, les ventes de journaux périclitent. Certes, le confinement lié à la crise sanitaire qui secoue les économies du monde est à l’origine des difficultés de trésorerie des entreprises de presse. Pendant cette période de confinement, les journaux papiers ne se vendaient quasiment plus. La plupart des kiosques à journaux étant fermés. Obligeant certains hebdos à se mettre en hibernation forcée entre mars et mai derniers. En attendant l’évolution de la crise de la Covid-19. Question d’éviter de prendre des risques de mévente.
Il faut toutefois préciser qu’avant ladite crise, la piraterie numérique sévissait déjà. Les lecteurs ne trouvaient plus l’utilité de se procurer un journal en kiosque puisque des amis le leur transférait dans leur téléphone, parfois avant que le journal ne soit disponible en kiosque.
G-M. NTOUTOUME-NDONG