L’ancien ministre et avocat au barreau du Gabon, Fabien Méré, est décédé ce 27 janvier à son domicile dans la périphérie de Lyon, en France. Figure de proue de la résistance gabonaise en France contre le régime d’Ali Bongo, il était âgé de 62 ans.
Figure marquante de la résistance gabonaise en France contre le régime d’Ali Bongo, Fabien Méré n’est plus. Membre de la Coalition pour la nouvelle République autour de Jean Ping, l’ancien ministre gabonais est décédé ce 27 janvier à son domicile dans la périphérie de Lyon, en France. Selon une source familiale, l’ancien avocat au barreau du Gabon a été trouvé à son domicile, par une de ses filles, en train de suffoquer. Ce qui reste à confirmer. Les pompiers ont été appelés d’urgence mais ils n’ont pu réanimer l’activiste qui était pourtant en pleine forme au Trocadéro, le 23 janvier dernier, pour la reprise de la contestation gabonaise.
Une grosse perte pour le Gabon et les activistes gabonais en France, dont il était devenu l’un des leaders après la victoire contestée d’Ali Bongo à la présidentielle de 2016. Exilé en France depuis cette année-là, il prenait régulièrement part aux manifestations hebdomadaires des Gabonais en France. Toutefois, Fabien Méré avait quelque peu levé le pied avec l’avènement du Covid-19, comme l’ensemble des activistes d’ailleurs. Depuis cette période, ses prises de position acerbes, doublées d’un franc-parler et d’une énergie à faire pâlir plus d’un, se faisaient assez rares sur les réseaux sociaux. Né à Port-Gentil, il était âgé de 62 ans et devait souffler sa 63e bougie en mars prochain.
Pour ceux qui l’ont connu, Fabien Méré aurait pu suivre une autre trajectoire. Il aurait pu faire carrière dans le show-business ou le cinéma, de par son «physique avantageux», sa «belle gueule» et sa prestance d’éternel jeune premier. Il a notamment laissé une empreinte dans le court métrage «Raphia» de Paul Mouketa en 1987. Mais la rencontre avec deux personnes vont l’écarter de ce sentier. La première, avec Pierre-Louis Agondjo-Okawe, son mentor, qui va le prendre en stage dans son cabinet et qui fera de lui l’avocat reconnu et salué par tous. Il y a ensuite la rencontre avec Anaclé Bissielo, très proche de Pierre-Louis Agondjo-Okawe.
Exilé pour s’être opposé à Ali Bongo en 2016
Anaclé Bissielo et Fabien Méré vont créer le Parti républicain indépendant (Pari). Ensemble, ils ont notamment pris part à la Conférence nationale, à l’issue de laquelle ils deviendront membres éminents du Parti gabonais du progrès (PGP). A la présidentielle de 1993, les deux hommes, avec le défunt Pierre Amoughe Mba, vont être parmi les initiateurs de la Convention des forces du changement, dans laquelle figuraient Jules-Aristide Bourdès Ogouliguendé, Jean-Pierre Lemboumba Lepandou, Paul Mba Abessole, etc. Après les Accords de Paris, l’illustre disparu va lancer la première ONG défense des droits de l’Homme, dénommée Légitime défense, dont le porte-parole était Alain-Claude Bilie-Bi-Nze. La petite organisation sombrera du fait de nombreuses difficultés liées notamment aux tracasseries administratives.
Après cette épreuve, Fabien Méré va connaitre une sorte de traversée du désert durant laquelle il va se concentrer sur son métier d’avocat, à partir de 1997. Puis il traversera une autre période moins florissante durant laquelle le Pari, ainsi que ses propres activités civiles et citoyennes, vont être mises en sommeil. Il réapparait en 2009 avec son entrée au gouvernement, quelques mois avant le décès d’Omar Bongo.
Entre 2009 et 2016, il s’installe à Lambaréné où il tente de percer dans le tourisme. Quelques mois avant la présidentielle de 2016, à travers des conférences de presse, il demande à Ali Bongo de ne pas se présenter à l’élection présidentielle, au nom de la «dignité humaine». Bien sûr, sa demande restera lettre morte et il rallie par la suite l’état-major de Jean Ping avant de s’exiler en France, où il a trouvé la mort ce 27 janvier 2021.
