spot_imgspot_img

Suite aux révélations sur Réagir : Ombres chinoises

Au regard du coût financier de la manœuvre et des critères d’éligibilité à la présidence de la République, on cerne mal l’intérêt à agir des marionnettistes supposés. En affirmant son «ambition (…) de sortir de (…) l’invective (fixée) sur (…) une famille», le président de Réappropriation du Gabon, de son indépendance pour sa reconstruction (Réagir) pensait-il à Félix, Christian et Omar Denis Bongo ?

Son congrès constitutif échu, Réappropriation du Gabon, de son indépendance pour sa reconstruction (Réagir) se trouve pris dans un tourbillon de révélations. Depuis quelques jours, de nombreux activistes le présentent comme un théâtre d’ombres. Selon eux, son directoire se compose d’hommes de paille, les décideurs ayant choisi d’avancer masqués. On glose sur des personnalités liées au président de la République par le sang, le clan ou l’ethnie. D’abord Félix Bongo : fils de Martin Bongo, un ancien ministre des Affaires étrangères et compagnon d’Omar Bongo Ondimba. Ensuite : Christian Bongo Ondimba, frère consanguin d’Ali Bongo et ancien directeur général de la Banque gabonaise de développement (BGD). Enfin : Omar Denis Bongo Ondimba, frère consanguin d’Ali Bongo et petit-fils du président congolais Denis Sassou Nguesso.

La politique par procuration

Si rien n’atteste de leur véracité, ces affirmations sèment l’émoi. Ayant quitté le Gabon en 2008, Félix Bongo est sous le coup d’un mandat d’arrêt. Accusé de «faux en écritures de commerce et en écritures bancaires», il semble être entré en politique pour se protéger. (Lire Sept ans après : La vérité selon Félix Bongo). N’ayant jamais été en cour auprès d’Ali Bongo, Christian Bongo Ondimba reconnait ne pas faire «partie de (son) équipe.» En septembre 2016, il dénonçait une «dégradation de notre société», appelant au «recomptage des voix» dans les colonnes du Point Afrique. Depuis lors, des bruits de couloirs le disent en poste dans une banque privée à Brazzaville, d’où il observe une abstinence médiatique. Basé, lui aussi, dans la capitale congolaise, Omar Denis Bongo Ondimba alimente régulièrement la chronique. Dans le plupart des cas, il se retrouve aux prises à des membres de la branche paternelle de sa famille (Lire aussi Des relations tendues ?).

Ces trois personnalités ont-elles opté pour la ventriloquie ? Ont-elles choisi de faire de la politique par procuration ? Ne leur en déplaise, de nombreux lanceurs d’alerte les présentent comme les promoteurs de Réagir. Or, aux termes de l’article 2 de la loi organique relative au président de la République, «sont éligibles à la présidence de la République tous les Gabonais des deux sexes (…) ayant résidé sans discontinuité sur le territoire national au moins six mois chaque année, au cours des deux dernières années précédant l’élection.» Cette disposition conduit à une évidente conclusion : ni Félix Bongo ni Christian Bongo Ondimba ni Omar Denis Bongo Ondimba ne seront en lice pour la présidentielle 2023. Iront-ils à la conquête de sièges de parlementaires ou de mairies dans des villes secondaires de leur fief familial du Haut-Ogooué ? On peine à le croire. Du coup, on cerne mal leur intérêt à agir. Surtout au regard du coût financier de la manœuvre.

Crédibilité affectée

Peu importe le positionnement des marionnettistes supposés, des soupçons d’instrumentalisation pèsent sur Réagir. Dans cette épreuve de vérité, sa crédibilité pourrait s’en trouver affectée. Même s’il jouit de la présomption d’innocence, Félix Bongo est cité dans une affaire de corruption à grande échelle, sur fond de clientélisme. Décrit comme un des principaux bénéficiaires du népotisme ambiant, Christian Bongo Ondimba n’a pas bonne presse dans les milieux économiques ou financiers. Pis, des personnalités bien introduites le décrivent comme l’artisan de la faillite de la BGD. Quant à Omar Denis Junior Bongo Ondimba, on cherche encore ses états de service et faits d’armes professionnels. Son patronyme suffit-il à en faire un potentiel candidat à la présidence de la République ? Nul ne saurait l’affirmer. Bien au contraire.

A ces casseroles et faiblesses, s’ajoutent les énigmes contenues dans le discours d’acceptation du président de Réagir. En affirmant son «ambition (…) de sortir de (…) l’invective (fixée) sur (…) une famille», François Ndong Obiang pensait-il aux Bongo Ondimba et apparentés ? Nonobstant sa réponse, sa tirade a paru inappropriée, nombre d’observateurs l’ayant entendue comme une invite à protéger des personnes bien ciblées. Or, de ce régime de privilèges et de protections particulières, les Gabonais ne veulent plus. S’ils espèrent tourner le dos à cette conception moyenâgeuse de la politique, ils ont à cœur d’en finir avec le primat des liens matrimoniaux et de sang. La réappropriation du Gabon ne saurait s’accommoder d’ombres chinoises.

Exprimez-vous!

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

spot_imgspot_img

Articles apparentés

spot_imgspot_img

Suivez-nous!

1,877FansJ'aime
133SuiveursSuivre
558AbonnésS'abonner

RÉCENTS ARTICLES