Déclaration portant création du mouvement « Bongo Doit Partir »
Appel à la nation9 décembre 1998 Gabonais, Gabonaises, chers compatriotes. Le temps des bilans est arrivé. Le temps d’un bilan médiocrement négatif que l’animal Bongo a décidé d’imposer à un peuple désormais moribond après plus de trente années d’un pouvoir corrompu, cleptocrate, assassin et despote. La parodie d’élection présidentielle qui vient de se dérouler dans notre pays (6 décembre 1998) ne peut laisser indifférents les Gabonais assoiffés de vraie liberté. Cette élection impose à ces Gabonais—exilés externes ou internes—de s’organiser pour obtenir par TOUS LES MOYENS POSSIBLES le départ du roitelet Bongo. Il convient aussi, dans la même lancée, de s’interroger sur le rôle malsain que la France continue de jouer au Gabon en maintenant au pouvoir par la force un régime depuis longtemps « vomi » par les Gabonais. Les méfaits de Bongo dans un Gabon pris en otage par les intérêts personnels du clan Bongo et ceux de l’état français ne peut se résumer que par une phrase fort éloquente qui traduit avec le mépris nécessaire les sentiments de dégoût viscéral qu’impose désormais la présence de Bongo à la tête de notre pays: BONGO DOIT PARTIR!
Nous annonçons donc ici la création d’un mouvement politique—BDP-Gabon Nouveau: Bongo Doit Partir pour la construction d’un Gabon Nouveau–dont le but principal va être de travailler au départ immédiat de Bongo du pouvoir, PAR TOUS LES MOYENS POSSIBLES. La mascarade Bongoïste n’a que trop duré. Mais avant que de définir le cadre d’action politique du BDP, je voudrais d’abord revoir avec vous le passé malheureux qu’a connu notre pays au cours de ces trois dernières décennies de dictature inhumaine sous un homme sanguinaire qui s’est avéré irrespectueux des droits humains les plus élémentaires de ses citoyens. Un telle bête féroce doit être rejetée du pouvoir avec toute la vigueur nécessaire. Et nous appelerons, dans notre présentation de ce nouveau mouvement, tous nos compatriotes en quête de changement véritable à nous joindre dans ce combat pour la destitution immédiate de Bongo. Nous nous chargerons donc dans les lignes qui suivent, de récapituler ce qu’a été le bilan de Bongo depuis sa prise de pouvoir anticonstitutionnelle de 1967, et le rôle qu’a joué la France dans notre pays depuis lors. Nous vous présenterons ensuite le plan d’action qui sera celui du BDP-Gabon Nouveau. Note: vous pouvez cliquer sur les liens ci-dessous pour sauter d’une section à une autre.
L’anticonstitutionalité d’Omar et la machination française au Gabon: 1960-1967 Bien que la France ait tenté de garder dans le secret ce qui pour les Gabonais n’est resté que des soupçons, un certain nombre d’hypothèses commencent à émerger qui démontrent que Léon Mba ne serait peut-être pas mort de causes naturelles. La manière dont Bongo est arrivé au pouvoir en 1967 elle-même reste émaillée d’irrégularités constitutionnelles qui méritent que l’on s’y arrête un moment. Il apparaît de plus en plus qu’après le coup d’état de 1964 qui vit les militaires gabonais se débarrasser—pour quelques jours seulement–de la dictature de Léon Mba, ce dernier était devenu de plus en plus embarrassant pour la France. Après l’intervention militaire française du 17-19 février 1964 qui l’avait remis au pouvoir, Léon Mba, devenu paranoïaque, se méfiait désormais de tout le monde et faisait montre d’une animosité envers son peuple qui le vit peu à peu se transformer en un dictateur virulent. De plus, son passé nationaliste menaçait de ressurgir à tout moment et de compromettre les visées françaises au Gabon. Ce nouveau Léon Mba, dictateur plus que jamais, mais aussi soudainement difficile à gérer, ne présentait plus les garanties de coopération absolue que la France attendait de lui (Il aurait par exemple refusé, comme le recommandaient certaines factions françaises au Gabon, d’éliminer physiquement certains opposants ou de les emprisonner à vie). Cependant, la plus grande peur de la France était sans aucun doute les échéances électorales à venir qui, dans un contexte démocratique ne garantissaient pas le maintien éternel de Léon Mba à la tête du pays, car ce dernier, sociologiquement, ne pouvait compter que sur une minorité de Gabonais face à son grand rival Jean-Hilaire Aubame. C’est à ce moment que soudain, l’on annonça au peuple gabonais le début d’une maladie grave—un cancer–qui vit Léon Mba faire des voyages de plus en plus fréquents en France, pour « raisons de santé ». Ces « raisons de santé » s’aggravèrent si rapidement que Léon Mba finit par s’aliter dans un hôpital français, ne dirigeant plus son pays que depuis la France et par décret. Il souffrait, nous annonça-t-on, d’un cancer avancé qui ne lui permettait plus d’assurer la gouvernance du pays depuis le Gabon. Les tractations secrètes qui suivirent virent la naissance d’une véritable machination française visant à se débarrasser définitivement de Mba non seulement en l’empêchant de revenir au Gabon, mais aussi en le gardant « prisonnier » sur son lit d’hôpital en France. La France entreprit alors de pousser Léon Mba à la signature de décrets visant à changer la constitution gabonaise. Le Gabon s’était, dans les années qui suivirent l’indépendance, doté d’une constitution qui imposait un régime semi-présidentiel avec un président de la République, chef de l’exécutif, élu au suffrage universel direct. Bien que, probablement sous la pression de la France, le poste de vice-président ait fini par être créé, le pouvoir de ce dernier était resté totalement périphérique car le vice-président ne pouvait succéder automatiquement au président. Autrement dit, le vice-président gabonais ne pouvait, comme en Amérique, accéder au pouvoir directement en cas d’incapacitaton du président. Un nouveau président ne pouvait donc venir que d’une élection présidentielle en bonne et due forme. La seule personne habilitée à assurer la transition dans ce cas était le président de l’Assemblée Nationale. La particularité du système gabonais de l’époque était qu’il limitait sérieusement le pouvoir du président de la République, assurant ainsi un équilibre des pouvoirs qui donnait un léger avantage à l’Assemblée Nationale. Léon Mba avait évidemment essayé de détruire le multipartisme gabonais dans son désir d’imposer au peuple un parti unique. Seulement, la nature de ses opposants, de Paul Gondjout à Jean-Hilaire Aubame, lui rendait la tâche extrêmement difficile. De plus, la France savait que si Léon Mba venait à « succomber » à son cancer, la constitution aurait inexorablement imposé une élection présidentielle anticipée qui aurait vu l’arrivée au pouvoir de Gabonais nationalites tels Jean Hilaire Aubame, Gondjout ou Sousatte. Ces honorables enfants du pays étaient, au cours des années, devenus les ennemis jurés non seulement de Léon Mba le dictateur, mais aussi d’une France néocolonialiste intolérante des discours nationalistes. Craignant un tel scénario, la France entreprit de contraindre Léon Mba, sur son lit de mort, à la signature d’un décret spécial qui entérinerait une modification de la constitution qui verrait le pays évoluer d’un régime semi-présidentiel à un régime présidentiel total coiffé d’un président de la République et d’un vice-président à l’américaine. Ceci permettrait donc au vice-président de succéder automatiquement au président en cas d’incapacitation. De sources officieuses, l’on sait que Léon Mba, jusqu’à ses dernières heures, refusa de signer un tel décret. Quand la France lui proposa le nom de Bongo comme possible successeur, Léon Mba n’en voulut pas. Certes, Bongo avait été son chef de cabinet, un homme docile et inoffensif qui était peut-être la seule personne en qui Léon Mba avait véritablement confiance. Mais Léon Mba n’était cependant pas convaincu que Bongo, personnage peu lettré et sans carrure politique nationale, pourrait être un chef d’état valable capable de se faire respecter des Gabonais. Il apparaît également que, dans ses derniers moments de lucidité depuis le coup d’état, Léon Mba avait commencé à se méfier de Bongo comme de la peste. Il pressentait probablement, au vu du parrainage étrange que la France offrait à cet homme sorti de l’ombre, que Bongo allait vendre le Gabon à la France. A cause de cela, la préférence de Léon Mba se prononçait nettement en faveur de Paul-Marie Yembit qui était alors vice-président sous l’ancienne constitution. Le choix de Bongo par la France étonna plus d’un observateur. Mais il n’y avait là en réalité rien d’étonnant. La France avait savamment manipulé Léon Mba en lui imposant peu à peu un Bongo qui passa bientôt d’un poste ministériel à un autre, assurant également à la place du président moribond des fonctions qui, constitutionnellement, ne relevaient pas de lui. Bongo était devenu un imposteur sous la coupe manipulative de la France. Sous la pression des Français, Léon Mba finit par faire sa dernière campagne électorale sur un lit de mort après avoir pris Bongo comme colistier et après avoir entériné un changement de la constitution qui autorisait désormais la succession directe du vice-président en cas d’incapacitation du président. La victoire frauduleuse du BDG à cette élection présidentielle vit donc Léon Mba se faire élire Président de la République, tandis que Bongo devenait automatiquement son vice-président. Il en découla donc qu’à la mort de Léon Mba, c’est de France que Bongo, l’ancien porteur de valises, nous revint comme vice-président officiellement « nominé » par une France qui avait tout machiné de fond en comble. La France avait, dit-on, « arraché » de justesse la signature qui assurerait une succession sans faille de Bongo à la mort du « vieux Léon ». Cependant, chose étrange, sur le fameux décret l’on ne retrouva point la signature de Léon Mba, mais plutôt celle de… Bongo. Bongo se serait donc autoproclamé président. De graves questions s’imposent quant à cet épisode français de la vie politique gabonaise. Léon Mba était-il véritablement mort de causes naturelles comme la France l’avait prétendu à l’époque? Les médecins français l’auraient-ils « aidé » à mourir pour faciliter la venue au pouvoir anticonstitutionnelle d’un homme plus sûr parce que docile et servile? Si cette hypothèse s’avérait juste, ne pourrait-on pas en conclure que les Français et leur allié Bongo ont, en fait, comploté ensemble pour éliminer physiquement Léon Mba et ainsi prendre en otage le Gabon et son peuple après une modification illégale de la constitution du pays qui visait à empêcher l’alternance démocratique que garantissait l’ancienne constitution? Le bilan d’Omar: 1967-1998 Après trente années de pouvoir usurpé et illégitime, de quel bilan Omar Bongo peut-il se prévaloir? Traîtrise envers l’état gabonais: en permettant à la France de pervertir les institutions gabonaises, Bongo s’est fait le complice de choix de la politique d’exploitation néocoloniale tous azimuts d’une France en grand mal de colonies. Suppression du multipartisme: en moins d’une année après son arrivée au pouvoir, Bongo supprima immédiatement toute activité politique pluraliste. Son argument: le multipartisme aggravait les divisions ethniques entre Fangs, Pounous et autres groupes. Pour Bongo donc, les sept années de multipartisme depuis 1960 avaient été des années de luttes ethniques tellement intenses que ce système devait être supprimé si le pays devait vivre dans la cohésion sociale et la paix. Evidemment, comme tout le monde le sait, ce n’était là que d’énormes mensonges que l’histoire du pays démentait avec véhémence. La réalité est que, après son indépendance en 1960, le Gabon n’a connu aucune contestation politique à composante ethnique comparable à ce qui s’est passé dans le pays après la prise de pouvoir anticonstitutionnelle de Bongo. La politique gabonaise pendant les sept premières années était certes très acerbe du fait de la dictature de Léon Mba qui avait suscité l’opposition des Gabonais de tous bords ethniques. Mais c’est précisément dans le cadre de cette opposition nationale au régime de Léon Mba que la lutte politique se définissait à cette époque. Il ne s’agissait aucunement d’une lutte entre Fangs et autres groupes ethniques, mais plutôt d’une lutte de tous les Gabonais contre le régime de Léon Mba. Une autre vérité est que Jean Hilaire Aubame, un Fang, était parmi les opposants les plus virulents du régime Mba, qui lui même était un chef d’état Fang. Ceci démontrait donc que l’opposition contre la dictature de Mba était nationalement unanime. C’est en fait grâce à cette unanimité nationale que des soldats gabonais dirigés par les lieutenants Mombo et Essone, un Punu et un Fang, réussirent leur putsch de 1964. Comme signe de la non-ethnicisation de la lutte, les militaires conduits par Mombo choisirent de mettre Jean Hilaire Aubame, un Fang, à la tête de la coalition rebelle. Pendant les quelques jours que dura ce coup d’état éclair, aucun Gabonais, qu’il fut Fang, Punu, Myené, Nzebi, Téké ou autre, ne se leva pour défendre ou soutenir le régime moribond de Léon Mba. C’était là le signe d’une maturité politique du peuple gabonais qui démontrait que tous avaient le sens de l’intérêt national, un intérêt suprême qui allait bien au-delà des considérations ethniques. En somme, le Gabon, malgré les nécessaires antagonismes que cause tout système démocratique où le débat prévaut, était une nation unie et ethniquement intégrée, jusqu’au début de la dictature de Mba en 1964 et, surtout, jusqu’à l’arrivée désastreuse du vautour Bongo en 1967. Suscitation et intensification des divisions ethniques: comme moyen d’asseoir son pouvoir autoritaire, Bongo ne trouva pas mieux que de susciter des divisions ethniques qui lui permettraient de mieux régner en autocrate assoifé de monarchie sur le territoire gabonais et d’en dilapider allègrement les richesses. Bongo travailla d’arrache-pied, non pas à la construction d’une unité nationale réelle comme il l’a toujours prétendu dans ses discours, mais plutôt à la destruction de la maturité politique des Gabonais. Jamais les Gabonais n’ont été aussi divisés ethniquement que sous Bongo. A cause de son action maléfique, la plupart des partis politiques gabonais actuels, des Bûcherons au PGP et autres, se sont recroquevillés sur leurs bases ethniques. Le PDG ne donne des apparences multi-ethniques que grâce au système intense de corruption des intelligences mis en place par Bongo. En d’autres termes, les divers représentants ethniques du Gabon ne sont pas au PDG pour des raisons de conviction politique, mais plutôt par « nécéssité du ventre. » Le PDG représente leur manioc. Corruption: la corruption a été l’un des atouts majeurs du pouvoir Bongo. Quand il ne les assassinait pas, il corrompait ses opposants politiques, les réduisant ainsi peu à peu au silence. Bongo entreprit même, comme on a pu le voir lors des dernières élections, de dilapider l’argent de l’état afin de corrompre les Gabonais à des fins électorales. L’on ne voit des projets de développement surgir que quand il y a élection. C’est à ce moment que, comme sortant d’une léthargie séculière, le candidat Bongo se réveille pour constater l’état de dénuement dans lequel vivent les Gabonais. Sa campagne consiste alors en de vagues promesses et en le début de travaux de développement trompe-l’oeil qui sont très vite oubliés une fois l’élection « gagnée » frauduleusement. Misère et pauvreté du peuple: malgré les immenses richesses dont jouit le Gabon, un petit pays d’à peine un million d’habitants, 90% des Gabonais vivent dans la misère totale alors que seuls 2% de corrompus vivent dans une opulence abjecte: pas d’hôpitaux capables d’assurer la santé de nos citoyens, pas de système éducatif digne de ce nom, des routes nationales ou urbaines qui ressemblent à des pistes d’éléphants, pas d’auto-suffisance alimentaire, négligence chronique des investissements agricoles, des villes qui pourissent sous le détritus puant par manque de services de voirie, une banqueroute totale de l’état de par un endettement monumental dont les fonds ne sont jamais utilisés pour le développement du pays, une inflation galopante qui réflète la regression d’une économie de rente dépendante uniquement de revenus pétroliers que Bongo se charge par la suite de confisquer pour son propre plaisir bestial d’animal mal nourri, etc. La liste est longue qui traduit l’échec indubitable d’un régime personnalisé par un roitelet auto-proclamé en manque de monarchie. Le Gabon ne peut plus se permettre la présence de Bongo à sa tête. Chaque année que Bongo passe au pouvoir équivaut à une chute vertigineuse du niveau de vie des Gabonais et conduit peu à peu le pays à la banqueroute totale. Bongo doit partir. PAR TOUS LES MOYENS POSSIBLES. Le problème français L’implication française au Gabon, qui n’a cessé de servir de support au pouvoir de Bongo depuis 1967, mérite que l’on s’y attarde également. Personne n’ignore que si le pouvoir de Bongo a survécu jusqu’à aujourd’hui, c’est parce que la France n’a cessé de le soutenir à la fois politiquement, économiquement et militairement. En somme, même après son indépendance, le Gabon est resté une province française de fait: rien ne s’y passe qui ne soit cautionné par la France. Ainsi, malgré les pleurs de misère du peuple gabonais, malgré ses souffrances, le fait que Bongo se soit maintenu avec une impunité absolue montre que la France est restée cruellement sourde aux attentes et aux désirs des Gabonais. La France n’a pas fait qu’y rester sourde. Elle s’est même efforcée de maintenir Bongo par la force comme l’ont démontré les interventions militaires directes qui ont vu les soldats français patrouiller les rues de Libreville et de Port-Gentil à la suite des manifestations politiques qui, de 1989 à 1994, ont vu les Gabonais descendre dans les rues, exigeant le départ de Bongo et l’arrêt immédiat du soutien français à ce régime corrompu. Mais rien n’y a fait. Devant la menace que constitue désormais l’état français pour le bien-être d’une nation prise en otage, que faut-il que les Gabonais fassent? Deux possibilités s’offrent à nous dans cette équation française. 1) Il est évident que de par les liens culturels qui nous unissent, la France aurait dû rester le partenaire privilégié, non pas d’un régime particulier, mais du peuple gabonais tout entier. En s’associant à un régime corrompu, et en l’aidant à survivre, la France s’est automatiquement érigée en ennemi juré du peuple gabonais et de son bien-être. Or, le Gabonais n’a point, jusqu’à présent, recherché la cassure d’avec la France. Tout ce qu’il a demandé c’est le minimum de compréhension qui eût permis à ce pays qui se prétend défenseur des droits humains d’aider le peuple à se débarasser d’un dictateur non nécessaire à la continuité d’une coopération équitable du Gabon avec l’état français. Le fait que la France continue de s’impliquer dans le processus politique gabonais, non pas en tant qu’observateur neutre, mais plutôt pour soutenir un régime infâme comme celui de Bongo (voir Le Monde du Lundi 7 décembre) montre que la France n’est pas encore prête à changer de camp dans le cadre du choix qui s’impose à elle: fidélité au régime de Bongo ou fidélité envers le peuple gabonais. Ce manque de neutralité, et cette implication directe—tantôt militaire, tantôt politique—ne peut mener qu’à une remise en question des relations franco-gabonaises et à la recherche par les Gabonais de nouvelles alliances. La France, on le sait, craint l’arrivée au pouvoir d’un nationaliste qui serait tenté de revoir les contrats obscurs signés par Bongo au nom de l’état gabonais. En clair, une remise en cause de tels contrats crève le coeur même des immenses intérêts que la France entretient au Gabon: ELF Gabon représenterait environ 35% des revenus pétroliers d’Elf Acquitaine dans le monde. A côté de cela, il y a l’uranium, le manganèse, le bois et les autres ressources gabonaises qui sont, pour la plupart, exploitées par des intérêts français. Et comme Bongo est devenu indéracinable de par le fait même de sa possession des secrets de tous les présidents et dirigeants français corrompus par lui ou par d’autres, il demeure une véritable bombe atomique que la France ne peut vouloir détruire qu’avec une extrême prudence. Bongo ne peut, à ce titre, être bon pour la France que mort (car il serait alors incapable de révéler les secrets qu’il détient) ou vivant (pour sauvegarder les intérêts français). Ainsi, tant qu’elle n’a pas trouvé de remplaçant idéal à Bongo (c’est-à-dire, docile et peu entreprenant), la France continuera à tenir le discours de langue de bois qui consiste à dire qu’il n’ y a point au Gabon d’alternative crédible en dehors de Bongo. L’on comprend évidemment que pour la France, une alternative crédible serait celle qui, tout en abandonnant les discours nationalistes, constituerait la meilleure garantie de sauvegarde des intérêts français au Gabon. Les opposants actuels, de Pierre Mamboundou à Paul Mba Abessole, sont donc tous rejetés d’office pour cause de nationalisme. Ce que la France ne semble pas comprendre est que le problème des Gabonais, c’est avant tout Bongo. Le nationalisme gabonais vise tout primordialement au bien-être absolu du peuple, non point à s’attaquer aux intérêts français. Malheureusement, en se positionant avec Bongo entre ce bien-être et le peuple gabonais, la France a fait le mauvais choix. Et le seul oublié dans cette équation machiavélique demeure bien évidemment le peuple gabonais qui se retrouve ainsi pris en otage entre les intérêts français et ceux du clan Bongo. 2) Devant cette insensibilité française, les Gabonais ne peuvent que se détourner d’une France s’étant ouvertement déclarée ennemie du peuple de par son entêtement à soutenir un régime moribond qui ne se maintient que par la force d’une dictature militaire déguisée et la fraude électorale. La France nous pousse donc inévitablement à rechercher d’autres alliances. L’alternative américaine Les Gabonais ne peuvent plus rien attendre de la France. La colonisation française a été à tous les points de vue celle qui a le plus négligé ses colonies. Tandis que les colonies britanniques bénéficiaient d’une certaine forme de développement grâce au désir des Anglais de s’installer dans les colonies conquises, la France se contentait d’exploiter ses colonies jusqu’à la moelle. En 1960, la plupart des capitales des pays francophones d’Afrique noire n’étaient encore que de simples fortins mal urbanisés et les voies routières de ces pays de simples pistes qui se perdaient dans la forêt. Cette négligence systématique s’accompagnait d’abus humains impitoyables au travers de travaux forcés qui transformèrent les peuples noirs d’Afrique en bétail humain au service de la France. Cette culture de l’exploitation aveugle accompagnée d’un mépris viscéral—l’on dirait même raciste—pour les peuples colonisés explique pourquoi la France soutient encore aujourd’hui des régimes déshumanisants comme celui de Bongo, parmi d’autres tels que celui du Togolais Eyadéma et, pis, celui du Congolais Sassou N’guesso que la France a remis au pouvoir par la force en déposant Pascal Lissouba, président démocratiquement élu. Chirac n’avait-il pas déclaré que la démocratie était un luxe pour les Africains? Il reste donc aux Gabonais le seul choix réaliste qui s’impose. Rechercher de nouvelles alliances, et surtout, se tourner vers l’Amérique qui, malgré ses manquements, pourrait se revéler comme un nouvel allié de choix pour le Gabon. Le fait que la Fondation Carter ait finalement décidé de ne plus envoyer d’observateurs pour superviser les élections du 6 décembre 1998 dernier est un signe évident du refus de cette fondation américaine de cautionner une élection frauduleuse dont l’issue était connue d’avance. L’Amérique reste donc pour nous aujourd’hui la seule voie capable de garantir la propérité de notre peuple. Certes, l’Amérique tout comme la France recherche d’abord son intérêt économique vital, mais elle a aussi démontré dans certains cas une préoccupation réelle pour les droits humains des peuples. La fin de la guerre froide fait donc de cette Amérique un partenaire préférable car avec elle le Gabon pourrait renégocier un nouveau départ qui, tout en assurant une stabilité politique basée sur une démocratie véritable, permettrait à chacun—Gabonais et Américains—de profiter équitablement de cette collaboration nouvelle dénuée d’un passé sombre. Plus que tout autre chose, le Gabon a besoin de démocratie et de développement économique, seuls éléments capables de garantir sa survie dans le contexte global compétitif qu’annonce le troisième millénaire. Le Gabon a beaucoup à apprendre de la nation américaine, non seulement au niveau de sa capacité à produire de la richesse dans le cadre des libertés individuelles, mais aussi au niveau de sa capacité à donner à l’individu les atouts et opportunités d’un développement économique total. Les principes de la démocratie américaine, le sens qu’ils ont de leur intérêt national et le respect qu’ils ont de leurs institutions devraient pouvoir permettre aux Gabonais d’adapter de tels principes à leur univers et à leur culture nationale pour le bien du Gabon et de tous ses habitants, quelque soit leur origine ethnique. Le rôle du BDP Chers compatriotes, Nous lançons donc ici un appel cinglant pour le renversement du régime Bongo par tous les moyens possibles. Il est désormais apparent que Bongo ne sera jamais un démocrate. A cause de cela, il ne sera jamais démis de ses fonctions par la voie démocratique normale. Nous nous devons donc de rechercher de nouvelles alliances—américaines surtout—qui nous aideraient à mener les actions nécessaires en vue du renversement du pouvoir Bongo. Nous avons, je pense, été un peuple très patient. De 1990 à maintenant, malgré les fraudes électorales et malgré les brimades, nous avons permis à Bongo de rester au pouvoir en vue de sauvegarder la paix nationale et de lui laisser la chance de quitter le pouvoir dans l’honneur de la défaite électorale. Cela lui aurait permis de garder la richesse qu’il a volée et les Gabonais auraient voté une amnestie qui lui aurait permis de ne point être inquiété une fois devenu simple citoyen. Malheureusement, le machiavélisme de Bongo ne connaît aucune limite. Ses manigances électorales et son bafouement de la constitution gabonaise démontrent désormais que le dessein de Bongo est de se faire roi à vie au Gabon. Il compte « mourir au pouvoir » comme feu son compère Houphouët Boigny. Nous ne devons pas laisser cela se produire. Pas dans le Gabon d’aujourd’hui. Bongo n’a rien compris du message du peuple gabonais. En n’acceptant pas la défaite électorale en 1998, il redevient un ennemi déclaré du peuple gabonais, une gangrène destructrice dont nous devons nous débarrasser dans les meilleurs délais. Avec lui, ce ne sera pas la paix, mais l’instabilité générale, la banqueroute nationale, la misère chronique et, plus que jamais, un risque de guerre civile qui ne peut que mener notre pays à plus de souffrance. Notre pays risque d’exploser sous la violence à cause d’un animal étourdi par la fièvre du pouvoir. Ce site internet du BPD va donc être pour nous le point de ralliement principal qui nous permettra de formuler les diverses stratégies dont l’aboutissement sera le départ définitif et immédiat de Bongo. En tant que criminel qui a volé l’état gabonais et son peuple, il se doit désormais de restituer cette richesse. Il sera également jugé pour ses crimes contre l’état gabonais car il devra répondre non seulement de son imposture, mais aussi de sa mise à sac des deniers et bien publics. Nous nous devons d’instituer au Gabon un véritable état de droit et la construction d’une véritable unité nationale au-delà des considérations ethniques dont Bongo s’est servi pour nous diviser. Nous devons rester unis dans ce combat sans merci qui va désormais nous opposer à notre roitelet dictateur. Ni la peur, ni les intimidations prévisibles du régime en place ne nous arrêterons. Ensemble, nous vaincrons car Bongo Doit Partir. Nous invitons également tous les amis du Gabon qui le désirent à nous joindre dans cette bataille pour l’instauration d’une démocratie véritable au Gabon, d’un état de droit respectueux des libertés et droits humains et d’un développement économique visant à assurer prospérité et bien-être à un peuple déshumanisé par plus de trente années d’un pouvoir bestial. Considérez donc ce site comme votre forum politique, le forum politique de tout Gabonais et de tous les amis du Gabon qui partagent les convictions du BDP-Gabon Nouveau. Bongo Doit Partir! Pour la construction d’un Gabon Nouveau. Dr. Daniel Mengara |
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